Pologne : Une femme décède à l’hôpital après le refus des médecins de mettre un terme à sa grossesse à risque

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Le 1er novembre, les habitants polonais se sont fait entendre dans la rue après la mort d’Izabel. Cette femme enceinte est décédée des suites de sa grossesse dans un hôpital qui n’a pas voulu pratiquer l’avortement qui aurait pu la sauver. Une honte.

 

Izabel souffrait de complications lors de sa grossesse

En septembre, Izabel a été admise à l’hôpital de Pszczyna en Pologne. Sa grossesse présentait des complications suite à une malformation du fœtus. Pour sa survie, il aurait fallu que ses médecins pratiquent un avortement. Mais par peur des poursuites judiciaires, ceux-ci ont refusé. Âgée de 30 ans, mariée depuis 10 ans et mère d’une petite fille de 9 ans, celle qui exerçait comme coiffeuse était enceinte de 22 semaines lorsqu’elle a été admise aux urgences. Une rupture des membranes avait provoqué la libération du liquide amniotique, et mis en péril sa vie et celle du foetus, qui présentait des malformations.

Depuis Octobre 2020, l’avortement est presque impossible en Pologne. S’il n’est légal qu’en cas de viol ou de danger pour la santé de la mère, il est interdit en cas de malformation du fœtus. En effet, les médecins qui le pratiquent risquent 3 ans d’emprisonnement. Si la loi prévoit l’autorisation de l’avortement dans le cas de danger pour la santé de la mère, les médecins ne l’ont pas pratiqué, de peur d’être poursuivis par la justice. Izabel a donc succomber à un choc sceptique, quelque heures après avoir envoyé un dernier SMS glaçant : « Ma fièvre monte. J’espère que je n’aurai pas de septicémie ou que je ne m’en sortirai pas. »

 

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« Les médecins ont peur de pratiquer des avortements en Pologne« , explique le chargé des sujets droits des femmes à Amnesty International Pologne, Miko Czerwinski, auprès de Libération. « Avec la nouvelle loi, ils hésitent davantage avant de recourir à l’IVG. On pourrait leur demander si la santé de la mère était vraiment en danger, et ils seraient poursuivis. Cela a un effet dissuasif« .

 

 

Des manifestations en hommage à Izabel ont eu lieu le 1er novembre à travers le pays.

Le même week-end, un projet de loi punissant l’IVG illégal par 25 ans de prison a été proposé au Parlement polonais. De nombreux Polonais ont protesté contre la loi anti-avortement entrée en vigueur le 27 janvier, et en hommage de sa première victime, Izabel. L’histoire tragique de la jeune femme a été rendue publique par son avocate, Me Jolanta Budzowska, sur Twitter.

 

 

Pour Me Jolanta Buzowska, spécialisée dans les erreurs médicales, c’est bien la législation ultra-restrictive adoptée par le gouvernement qui est responsable de la mort de la jeune femme. « Au lieu de protéger la vie de la femme, les médecins pensent à sauver le foetus. C’est l’effet paralysant de la décision du Tribunal constitutionnel qui est responsable de cette situation« , condamne à son tour Kamila Ferenc de l’organisation Federation for Women and Family Planning dans un communiqué.

 

 

Pour tenter de faire bouger les choses, elle a intenté une action en justice pour « traitement inhumain » devant la Cour européenne des droits de l’homme, en juillet, précise le journal. De leur côté, plusieurs représentants du parti au pouvoir, le PiS pour Droit et Justice, affirment que la loi anti-avortement n’y est pour rien. « Le fait que les gens meurent relève de la biologie« , a même osé dire le député Marek Suski. Une honte.

 

 

 

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